Négligence révélatrice d'une certaine insouciance méthodologique à l'égard de l'historiographie traditionnelle marocaine, la littérature généalogique constitue un secteur particulièrement négligé par la recherche moderne. Dans sa compilation magistrale sur l'historiographie des dynasties sharifiennes, Lévi- Provençal abordait la généalogie (ansāb) comme faisant partie du genre biographique. Il insistait sur son abondance et sur ses liens avec la littérature hagiographique (manāqib). Les généalogies rebutaient, elles étaient le produit du sharifisme qui incitait les lettrés à composer « ces listes de noms qui peuvent sembler à peu près sans objet » ‘ et dont la lecture ne valait l'effort patient que dans la perspective d'éventuelles « bribes d'histoire », véritables accidents du texte.